Une offre éducative devrait distinguer la salle de classe d’un rayon de supermarché où les élèves sont assimilables à un même produit pour lequel parfois on fait des soldes (pour en vendre davantage).
Dans un monde où l’éducation est censée être le pilier du développement, il est alarmant de constater que dans le secteur privé, l’accent est souvent mis sur le paraître plutôt que sur la qualité de l’offre d’apprentissage. Les écoles prolifèrent. Par là j’entends les bâtiments d’instruction qui se multiplient tous les 500m (dans certaines zones) ; occultant ainsi l’importance de la vision éducative, de la qualité du contenu, de l’intentionnalité des approches pédagogiques et du renforcement de capacités des enseignants.
L’intentionnalité de l’approche pédagogique est négligée. Comment expliquer que des élèves de niveaux, de besoins et aspirations différentes, reçoivent des enseignements exactement avec la même méthode, fréquence, avec les mêmes outils ? Chaque méthode d’enseignement doit être choisie avec soin, en tenant compte des divers styles d’apprentissage et des besoins individuels des élèves. Une approche intentionnelle favorise un apprentissage plus profond et plus significatif. Ceci ne serait possible qu’avec une vision éducative qui distingue la salle de classe d’un rayon de supermarché où les élèves sont assimilables à un même produit pour lequel parfois on fait des soldes (pour en vendre davantage). Bien entendu, pour personnaliser l’éducation il faut un investissement conséquent. Mais justement, par principe, l’éducation de qualité n’est pas un investissement rentable à l’instant T. C’est un service qui pour avoir de l’impact doit reposer sur la qualité, la consistance et surtout sur la durée. D’ailleurs, les métriques d’évaluation de la rentabilité d’une école ne devraient-elle pas inclure d’autres points autres que les aspects économiques et prioriser (ou mettre au même niveau de priorité) la transformation opérée chez les apprenants ?
La vérité
Disons-nous la vérité bien qu’elle soit regrettable. Maintes écoles sont créées principalement pour bénéficier d’avantages fiscaux. Cette approche mercantile de l’éducation conduit souvent au recrutement d’enseignants sans formation pédagogique adéquate et une offre éducative pauvre en qualité de contenu.
La qualité du contenu est également primordiale. Un bâtiment flambant neuf ne compensera jamais un programme obsolète ou mal conçu. Les contenus doivent être pertinents, stimulants et adaptés aux besoins actuels et futurs des élèves. Pour cette rentrée scolaire, la plupart des écoles de nos capitales ont fait peau neuve avec des peintures reluisantes et des nouveaux gilets encore plus chics. C’est super. Mais rien de tout ça ne remplace l’absence de bibliothèque achalandée, l’étroitesse des aires de jeu conséquente pour la relaxation des élèves, la quasi-inexistence computer, STEM lab, activités extrascolaires et artistiques. Rien de tout ça ne change le manque d’approche personnalisée, gamifiée et pratique des apprentissages. Mais je suis d’accord, ça justifie bien l’augmentation des coûts de pension que les parents sont enclins à payer après quelques plaintes évanouies au bout de quelques semaines de la rentrée. Le Gouvernement devrait continuer sa mission de fermer toutes les écoles non réglementées comme les 117 récentes. Et pourquoi ? Il est plus facile d’apprendre que de désapprendre.
Les formations initiale et continue des enseignants est la clé de voûte de tout système éducatif performant. Des enseignants bien formés, motivés et soutenus sont essentiels pour offrir une éducation de qualité. Investir dans leur développement professionnel continu est non seulement bénéfique pour eux, mais aussi pour les élèves qu’ils encadrent. Au-delà de tout, l’enseignement au-delà d’une profession devrait être une vocation qui pousse un engagement réel au-delà de la craie et du tableau. L’enseignement devrait avoir une vocation de transmission qui va au-delà du bic rouge et des sanctions. L’enseignement est devenu aussi aujourd’hui une vocation d’apprentissage perpétuel. Avec les outils TIC qui sont désormais tentaculaires jusqu’au sein de la salle de classe, l’enseignant doit mettre à jour continuellement sa propre base de connaissances, de compétences et même sa pédagogie. On peut être un excellent mathématicien mais un piètre pédagogue.
La vision éducative doit être au cœur de toute réforme. Une école sans vision claire est comme un navire sans boussole. Elle est comme un supermarché de vente en gros. Il est crucial de définir des objectifs éducatifs qui vont au-delà des simples résultats académiques pour inclure le développement holistique des élèves.
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Le doigt qui montre la lune attire généralement plus l’attention que la lune en question. Cette métaphore transposée à l’éducatif illustre parfaitement notre tendance à nous concentrer sur les aspects visibles et tangibles, tout en négligeant l’essentiel. Il est temps de recentrer notre attention sur ce qui compte vraiment : une éducation de qualité qui prépare les élèves à devenir des citoyens éclairés et responsables.
Arielle KITIO
